Le château Fort
Le château moderne est construit en 1713 sur une butte rocheuse située au coeur de la vallée du Doubs. La nature offre de toute part un paysage de toute beauté, riche en diversité naturelle.
Point stratégique à l’époque gallo-romaine, la butte témoin était couronnée par un castrum. Le château fort fut construit au XI ème siècle par Gauthier de Vare. Cet ancien château fort fut démoli par Louis XI, au XVème siècle. Il ne nous reste aujourd’hui du château fort que quelques gravures peu fiables.
Jean Antoine Boisot
Le 24 novembre 1681, la famille Boisot prend possession de la seigneurie de Vaire, suite au droit d’achat accordé par Louis XIV à Gabriel Boisot, père de Jean-Antoine Boisot.
Jean Antoine Boisot est né en 1680. Il fit ses études à l’université de Besançon et obtint son diplôme de bachelier en 1697. Jean Antoine gravit les échelons de la hiérarchie très rapidement, en partie grâce aux efforts soutenus de son père.
Gabriel Boisot laissa à son fils Jean Antoine, qui lui avait succédé dans sa charge de Premier Président, le soin d’édifier un château aux champs à la hauteur de leur situation sociale.Jean Antoine ne possédait pas les fonds nécessaires pour entreprendre cette construction. Seul un riche mariage pouvait les lui apporter. Le chancelier de France Chauvelin favorisa l’union en 1711 sde J.A.Boisot avec Mademoiselle Heuslin, fille de Michel Heuslin, conseiller secrétaire du Roi, et Receveur général des finances de Soissons. Le chancelier de France se souciait en effet de la bonne figure du Premier Président, sensé représenter le Roi devant le Parlement et la Province, et il facilita en l’occurrence la conclusion de ce mariage. Marie Elisabeth Yacinthe Heuslin apportait 120 000 livres de dot.
Portrait de Jean Antoine BOISOT peint par LARGILLIERE, peintre de Louis XIV.
Jean Antoine eut tôt fait d’employer la fortune de son épouse, et de la tourmenter afin d’obtenir la totalité de sa dot, tandis qu’elle essayait péniblement d’en sauver ce qu’il restait. Jean Antoine l’engouffrait dans la construction de son château et dans les énormes travaux de terrassements qu’il avait fallu faire pour aménager la motte.
L’entente entre les époux fut de courte durée car quelques années après leur mariage, les deux époux écrivaient chacun de leur côté au Roi, exposant leurs griefs. En 1723, le Roi ordonna à madame Boisot de choisir une demeure dans une communauté religieuse ou dans un cloître dans la ville de Paris ou partout ailleurs à l’exception de la Franche-Comté.
Marie Elisabeth Boisot décédait de maladie, le 12 Août 1746 dans l’abbaye d’Issy dans la région parisienne
Boisot propagea la mode parisienne en Franche-Comté de part la construction de sa demeure conçue d’après un modèle parisien et en effectuant la plupart des achats de son mobilier à Paris.
Malgré ses dettes, il fit gaiement rouler les écus. En 1748, J.A. Boisot se voit dans l’obligation, à l’âge de soixante huit ans, acculé par ses créanciers, de déclarer la mise en décret de ses biens. Ses fils, le chanoine coadjuteur et l’abbé de Saint Paul, voulant lui épargner une fin trop douloureuse, lui permettent d’acquitter ses dettes en prenant un arrangement avec le tuteur des trois demoiselles d’Etrabonne, orphelines d’un maître de forges, richissimes et surtout petites filles de la tante maternelle de Boisot. Cet arrangement consiste à laisser à J. A. Boisot « la jouissance du château jusqu’à sa mort, ainsi que les jardins, verger en ce qui est enclos de murailles avec la charge de l’entretenir en bon père de famille. »
Les propriétaires successifs
Les demoiselles d’Etrabonne, étaient orphelines du maître de forges: Jean Jacques Pourcheresse, baron d’Etrabonne lorsque leur tuteur acheta la propriété de Vaire. C’est à la seconde fille Simone Bonaventure Etiennette que revint la seigneurie, elle épousa le marquis Louis Badier de Verseille, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, et maître de camp de cavalerie au régiment de Royal Picardie qui décède en 1797. Quant à elle, elle mourût en 1817. Durant la révolution les droits féodaux furent abolis mais cela n’inquiéta pas les Verseille dont la fortune était assez importante pour ne pas en souffrir; ces derniers se cachèrent à Saint Claude durant les périodes de troubles.
En 1814, le château fut occupé six mois par le prince Aloys de Lichtenstein qui commandaient trois divisions des troupes autrichiennes, dont il fit son quartier général. Il fit créneler les terrasses, garnies de surcroît par des pièces d’artilleries afin de tirer sur les troupes du général Marulaz.
La nièce de la Marquise de Verseille, Bonaventure Etiennette de Malarmey, comtesse de Rousillon, hérita du château en 1817, mais le vendit deux ans plus tard aux familles Cugnotet Finot, maîtres de forges. Le domaine comprenait encore à cette époque 60 hectares constitués de champs et de prés, et de 157 hectares de bois avec le moulin et la tuilerie. Le dernier membre de cette famille, madame Finot, laissa pour héritier en 1873, son mari Georges Chevandier de Valdrôme. En 1885 Fanny Morel, veuve d’un maître de forges nommé Louis Meiner acquiert la propriété. Mesdames Koechlin et de Reboul de la Juillière, ses filles en héritèrent en 1902. M. Duffet achète en 1932, puis revend le château en 1934 à Georges Feschotte qui en resta propriétaire jusqu’en 1941; auparavant durant l’occupation allemande en 1940, de juin à septembre puis d’octobre à février 1941, les troupes allemandes habitèrent le château. Jacques Georges de la Société coton Vosges en fut propriétaire jusqu’en 1948 puis céda le domaine à la société de Boussac, industriel du textile et; il transforma les deux pavillons en maisons de repos et le château en colonie de vacances. Subissant un revers de fortune, il revendit en 1985.
Le site de Vaire-le-Grand fut inscrit sur l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1985 et l’ensemble du domaine fut classé en 2011. Il présente d’une part un intérêt architectural indéniable et d’autre part un important jardin à la française, prenant place sur un site remarquable.
Cette demeure privée est ouverte à la visite depuis 1992, suite à une longue période de restauration.